La maladie coeliaque est encore sujette à de nombreuses interrogations aussi bien sur son mécanisme que sur les possibilités de développer des médicaments ou thérapies afin de rendre le régime moins contraignant, à le repenser (il est encore peu envisagé de supprimer le régime). Actuellement c’est une maladie incurable.
Pour cela, de nombreuses études sont menées à travers le monde. Les pistes sont les suivantes :
- absorber les molécules capables de piéger le gluten de l’alimentation dans la lumière intestinale et éviter son absorption;
- ajouter aux repas un complément enzymatique pour mieux digérer le gluten et le dégrader au maximum avant absorption (Société californienne Alvine pharmaceuticals);
- bloquer le passage du gluten entre les cellules intestinales soit inhiber l’action de la zonuline (la société Alba therapeutics travaille sur le Larazotide, inhibiteur de la zonuline;
- empêcher la fixation du gluten sur les molécules HLA DQ2/8 soit en inhibant la transglutaminase tissulaire ou en bloquant le site de liaison du gluten sur les molécules HLA;
- utiliser la vaccination pour induire une tolérance au gluten (la société Australienne Nextep travaille dessus);
- agir sur les cellules immunitaires ou les molécules de contrôle de la réponse inflammatoire par des traitements sous forme de corticoïdes, d’immunosuppresseurs ou des anti-cytokines.
Localisation des différent axes de recherche dans le schéma de la réaction immunitaire
Les flèches de couleurs localisent la recherche et sont associées à des explications dans la légende : code de couleurs.
Couleur |
Traitement |
Nom du médicament (responsable de recherche/statut) |
Rouge |
Éviter le gluten dans l’alimentation du nourrisson pendant la première année de vie |
Pas de médicament (Université du Maryland et Université Polytechnique des Marches en Italie / en essai chez l’homme) |
Rouge |
Dégrader les fragments de gluten non digérés pour qu’ils ne puissent pas déclencher une réaction immunitaire |
ALV003 (Alvine et, séparément, An-PEP du centre médical de l’Université VU aux Pays-Bas / en essais chez l’homme) |
Bleu clair |
Empêcher la zonuline de rendre l’intestin perméable |
Lorozoaïde (Alba Therapeutics / en essai chez l’homme) |
Vert |
Empêcher la transglutaminase tissulaire de modifier le gluten et que les fragments stimulent le système immunitaire |
Pas de nom (Université de Stanford / en laboratoire) |
Orange |
Empêcher aux HLA-DQ2 de s’attacher à la gliadine et des les présenter aux lymphocytes T auxiliaires |
Equivalents du gluten (Université de Leiden aux Pays-Bas et Université de Stanford / en laboratoire) |
Bleu foncé |
Vacciner avec des fragments de gluten sélectionnés pour que les lymphocytes T auxiliaires tolèrent le gluten présenté par les molécules de HLA-DQ2 |
Mexvax2 (Nexpep, Australie / en essai chez l’homme) |
Jaune |
Bloquer la migration des lymphocytes T tueurs dans la muqueuse intestinale |
CCK282-B (Chemocentryx / en essais chez l’homme) |
Jaune |
Provoquer une infection par des ankylostomes (parasites freinant les réactions immunes de l’hôte dans l’intestin) |
Ankylostomes (Hôpital de la Princesse Alexandra, Australie / en essais chez l’homme) |
Cependant il faut prendre en compte les possibilités d’effets secondaires notamment lors de l’utilisation de corticoïdes, d’immunosuppresseurs ou des anti-cytokines qui ont des effets secondaires particulièrement importants. Il n’est donc pas justifié de les utiliser lorsque le régime sans gluten fonctionne bien mais lorsque la maladie coeliaque, sous forme très sévère, résiste au régime, comme la sprue réfractaire.
De plus, une étude récente (2014) révèle une piste prometteuse qui améliorerait la qualité de vie des patients.
Des chercheurs de l’Université McMaster viennent de faire une découverte qui pourrait permettre de trouver un traitement pour soigner les personnes atteintes de la maladie coeliaque.
Cette équipe qui vient de publier ces travaux dans la revue The American Journal of Gastroenterology vient en effet de mettre en évidence le rôle clef d’une molécule appelée Elafin dans cette pathologie.
Le rôle de la molécule Elafin
Les chercheurs ont découvert qu’une molécule, l’Elafin, présente dans l’intestin des personnes en bonne santé, est significativement diminuée chez les patients atteints de maladie cœliaque.
Ils rappellent que lorsque ces malades mangent des aliments contenant du gluten, les enzymes digestives ne peuvent pas le digérer, induisant par la suite une inflammation. Une inflammation encore amplifiée par une autre enzyme appelée tissu transglutaminase 2. Ainsi cette équipe est parvenue à démontrer que c’est en interagissant avec la transglutaminase 2 que l’Elafin diminue la réaction enzymatique qui elle, accroît la toxicité des peptides dérivés du gluten.
Des injections pour protéger la muqueuse intestinale
Chez la souris, ces chercheurs ont par ailleurs découvert que l’administration de la molécule Elafin, protègerait la muqueuse intestinale habituellement endommagée par le gluten chez les personnes intolérantes à cette substance. Ces résultats représentent une piste prometteuse pour la qualité de vie des patients.
La possibilité d’une injection d’Elafin lors d’une contamination accidentelle, ajouterait de la flexibilité à un régime de vie restrictif et potentiellement accélérerait la guérison des lésions de la maladie coeliaque.